Diminuer la viande, est-ce utile pour la planète ?
Diminuer la viande, est-ce utile pour la planète ? Alimentation 20 octobre 2022 L’alimentation est le deuxième poste d’émissions de gaz à effet de serre pour un français moyen, derrière les transports. Elle représente 2,3 tonnes de CO2e sur les 10 tCO2e qu’un français émet par an, c’est à dire un peu plus de 20% de nos émissions totales ! Parmi ces 20%, un peu moins de la moitié des émissions sont dues à la viande. Mais pourquoi ? Nous allons nous pencher sur le régime alimentaire du français moyen, et nous allons répondre pleinement à la question : diminuer la viande, est-ce vraiment utile ? Comment calculer les émissions liées à l’alimentation d’un français moyen ? Méthode 1 : L’assiette moyenne Qu’y a-t-il dans mon assiette ? Il existe des enquêtes qui décrivent la consommation alimentaire moyenne, pour un français, sur un repas. L’une d’entre elle est l’étude INCA3, effectuée en 2017 par l’ANSES. Voici ce que dit l’étude, on a : Si on veut regarder uniquement l’alimentation solide, on aura : Donc finalement, la viande représente un peu moins de 13% de l’alimentation moyenne d’un adulte. Cela nous permet de savoir ce qu’il y a dans nos assiettes. Super ! Mais du coup quand on a ça, comment on passe au CO2 ? La source de l’enquête si vous êtes curieux (accrochez-vous, c’est long) https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2014SA0234Ra.pdf Facteur d’émission Attention, instant C’est pas Sorcier de notre article ! Pour passer de l’aliment au CO2, on utilise ce qu’on appelle un facteur d’émission. C’est la quantité de CO2e émit par quantité de ce qu’on veut. Exemple : le facteur d’émission du lait est de 1,22 grammes de CO2e par gramme de lait. Donc si on consomme un verre de lait (environ 33cL donc environ 33g), on aura émis 33*1,22 = 40,26 grammes de CO2e ! On peut donc faire le calcul sur l’assiette globale d’un français (sans les boissons). Finalement, la place de la viande représente un peu plus de 40% des émissions liées notre alimentation, et moins de 13% de ce qu’on mange. Nous rajoutons à cela les effets de la déforestation faite à l’étranger pour que nous puissions consommer nos aliments (déforestation dite “importée”), estimée à 200 kgCO2e/personne et par an. De ce fait, la déforestation faite en Amazonie pour faire le champs d’huile de palme utilisée dans votre Nutella sera comptabilisée ! Nous avons donc en tout 1,83 tonnes de CO2e par personne et par an ! Méthode 2 : le Tableau des entrées-sorties (TES) Les Tableaux des Entrées Sorties, ou TES, est utilisé dans la comptabilité nationale. C’est un tableau qui s’assure de l’équilibre ressources-emploi dans une branche d’activité donnée, et ce à priori ou posteriori. Si on reformule un peu, ils nous donnent les échanges économiques pour chaque produit, dont les produits alimentaire ! Nous pouvons alors combiner cela à des comptes environnementaux d’émissions de GES ventilés par branches d’activités, pour calculer les émissions nationales liées à l’alimentation. On divise enfin par le nombre de français, pour avoir la moyenne des émissions de nos assiettes ! On vous passe le calcul et les Excel, mais c’est de cette façon que nous arrivons au chiffre de 2,35 tonnes de CO2 par personnes et par an. Une méthode meilleure que l’autre ? Il n’existe pas une méthode ostensiblement meilleure que l’autre. D’une part, on part de l’assiette d’un français moyen pour en déduire la moyenne nationale (du particulier au général), et d’autre part on utilise la comptabilité nationale pour en tirer les émissions du français moyen (général au particulier). Les deux méthodes sont donc différentes et n’aboutissent pas aux mêmes chiffres au vu de la complexité du problème, mais les résultats sont cohérents entre eux, et la conclusion est la même : La viande a une part minime de notre alimentation mais a une part majeure dans les émissions de celle-ci. Pourquoi la viande émet autant ? L’élevage de bétail émet à lui seul 14,5% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Mais pourquoi ? Déforestation Mettons que vous devenez agriculteur et éleveur demain. Pour faire les céréales qui vont nourrir vos bêtes, ou encore créer l’espace nécessaire pour les élevages, vous aurez besoin de couper les forêts. Mais cette pratique induit 2 conséquences, court terme et long terme. Tout d’abord, quand on déforeste, on brûle beaucoup (pour faire reculer la forêt, brûler les branchages inutiles, …). Ces feux provoquent des émissions directes, qui vont aller dans l’atmosphère. Ensuite, on a une conséquence long terme : les arbres sont des “puits de carbone”, c’est à dire qu’ils absorbent le CO2 dans l’air pour produire du dioxygène. Supprimer des arbres revient donc à supprimer ce mécanisme. Cas de la viande rouge Dans le cas des bovins, le constat s’aggrave. Lors de leurs rumination, les vaches rotent du méthane (CH4), qui est un gaz à effet de serre 28x plus puissant que le CO2. Cela signifie qu’émettre 1kg de méthane revient à émettre 28kg de CO2 (cf notre article sur les GES). Ce mécanisme fait que la viande rouge est beaucoup plus émettrice que les autres viandes, d’où son facteur d’émission très élevé. Les leviers d’action Nous avons maintenant les idées au clair sur la place de la viande dans notre alimentation. Maintenant, on peut se demander ce qu’on peut faire pour réduire nos émissions. Il y a deux leviers principaux : réduire, et remplacer. Réduire Dans cette partie, nous allons parler un peu de régime alimentaire, et notamment des régimes végétarien (sans viande) et flexitarien (viande fortement réduite par rapport à la moyenne). Maintenant que tout est en place, nous pouvons parler d’émissions. Juste en diminuant la viande et sans la couper, il est déjà possible de diminuer nos émissions de près de 35%. Pour ceux qui sont végétarien, les émissions sont diminuées de moitié. Diminuer la viande est par ailleurs un geste simple du quotidien, et l’effet sur nos émissions est instantané et fort. Que des bonnes raisons de le mettre en place ! Remplacer Si vous ne vous sentez pas prêts à diminuer la viande, il existe tout de même des solutions. Au lieu de diminuer,